Lorsque j’étais (beaucoup) plus jeune, on pouvait parfois croiser, durant le rodeo du Bolado Park, une vieille dame que tout le monde semblait traiter avec respect… je me souciais guère à l’époque de savoir qui ça pouvait bien être. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, cette vénérable personne qui semblait indifférente au spectacle qui l’entourait se serait pourtant un jour exclamé : « Si seulement je pouvais monter un dernier bon cheval… » !!

Née en 1907 à Tres Pinos, Lola Galli était la fille du conducteur de diligence (stagecoach driver) qui transportait notamment du frète pour la mine de New Idria (ancienne mine d’argent qui deviendra le plus gros producteur américain de Mercure : aujourd’hui l’endroit, abandonné de tous, est très très pollué). Son père, Arthur Fruits, finira par devenir le sheriff du conté de San Benito…

En 1923, Lola Galli, âgée de 16 ans, participe au Rodeo de Salinas pour la première fois. Cinquante ans plus tard, en 1973, la Salinas Rodeo Association lui offre un trophée pour récompenser cette longue participation ainsi que les multiples succès qu’elle a obtenus durant cette période. En 2010, le Rodeo de Salinas inaugure son Hall of Fame en y inscrivant le nom de Lola Galli !

En 1929, elle se marie avec Frank Galli qui travaille au Quien Sabe Ranch où le couple s’installe.

En 1934, Frank et Lola Galli y accueillent le fameux Will Rogers : « Un matin, à Salinas, il est venu à la carrière où nous étions entrain de travailler le bétail. Plus tard, il est passé nous voir plusieurs fois au Quien Sabe. Une fois, il vint pour un branding. » se souvient Lola. « Frank lui donna un bon cheval et lui dit qu’il devait prendre ses dallies » En effet, Will Rogers était un trick roper et non pas un homme de ranch ! Mais, continue Lola, « c’est exactement ce qu’il voulait : faire comme les autres. Il ne voulait pas qu’on s’inquiète pour lui. »

Calf branding au Quien Sabe Ranch
avec Will Rogers au premier plan et Lola Galli

En parlant de cette expérience, Will Rogers écrira dans sa chronique datée du 17 mai 1934 : « Il n’y a pas de meilleur jour au monde que celui que l’on passe entouré par de bons vieux hommes de bétail plein de sagesse… ». Puis, évoquant Lola Galli, : « ça ne me dérange pas que tous les hommes me battent au roping, mais quand c’est une fille qui le fait, apparemment je devrais bientôt me mettre au golf » !

Ceux qui se souviennent de Lola Galli disent tous la même chose : « Elle était toujours très heureuse, très optimiste… mais elle n’en avait pas moins une sacrée poigne : elle connaissait les chevaux et le bétail. » Quelqu’un l’ayant connu dans sa jeunesse se souvient que son père lui conseillait fermement de garder les yeux ouverts et la bouche fermée : en effet, explique-t-il, « si tu t’asseyais en retrait et que tu l’observais, tu t’apercevais qu’elle faisait tout pour une raison » ! ♥

« She showed horses, she led parades with her big, beautiful smile, and she was just a special, special person, » said Greg Renz

Lola Galli, Bolado Park