Member Login

Mot de Passe Perdu ?

Welcome to ❤ Horsemen's Association

Pourquoi s'inscrire ?

Parce qu'il faut être membre pour accéder à l'ensemble du contenu de ce site et pour pouvoir faire des commentaires...

L'Ancien Forum

L'ancien Forum n'est plus disponible

Registration is closed

Sorry, you are not allowed to register by yourself on this site!

You must either be invited by one of our team member or request an invitation by email at info {at} yoursite {dot} com.

Note: If you are the admin and want to display the register form here, log in to your dashboard, and go to Settings > General and click "Anyone can register".

A stray colt

J’aime beaucoup cette histoire que racontait mon arrière-grand-père Conrad T. Frank (1865-1936) : Deux fermiers à cheval croisent sur leur chemin un poulain échappé (a stray colt), errant dans la montagne. L’un d’eux passe une bonne partie de la nuit à réfléchir comment il pourrait bien l’attraper. Le lendemain, dès le levé du soleil, il commence à chercher ce poulain… et, gâchant toute la journée à courir après, tout en ayant presque tué son propre cheval de monte (riding horse), il se rend finalement compte avec consternation que ce poulain lui appartenait !

« Ainsi en est-il de chacun de nous », conclut plein de sagesse l’arrière-grand-père. « En essayant de profiter de notre prochain, nous découvrons en fin de compte que nous sommes seulement entrain de nous voler nous-mêmes » !

« A story is told of how two farmers were riding along on the mountain and passed a stray colt on the way. One of them sat up the greater part of the night planning how to get away with this colt. Next morning bright and early he started in search of same and by the time he had nearly killed his riding horse to catch it and wasting all day running it down, he found to his dismay that the colt belonged to himself. So it is with all of us. Should we try to get the best of our fellowman, we should find that we only robbing ourselves. »

Conrad T. Frank (1865-1936),
Vernal Express, april 18, 1913

« Conrad Frank is a well known man in the Ashley Valley »

Située dans le coin Nord-Est de l’Utah, Ashley Valley est, au pied des Rocheuses, la seule enclave fertile du conté de Uintah. Tout le reste n’est que « badlands » que l’on a imposées aux indiens Utes. Jouxtant le Colorado et le Wyoming, la région était si isolée et sauvage qu’elle constitua un refuge idéal pour la bande de Butch Cassidy.

« The Utah portion of the area was in Uintah County. Butch Cassidy and his Wild Bunch headquartered in the Hole. [...] The outlaws spent a lot of time in Ashley and Vernal saloons. »

Je n'ai pas de photo de Conrad, mais voici un échantillon de quelques habitants de Jensen jouant aux cartes (1895)


Ike Burton (au fond à gauche)

Contrairement aux outlaws qu’il a peut-être croisés, Conrad Frank était « un homme économe et industrieux » qui, de surcroit, avait « quelques bonnes idées » (on verra lesquelles)…

Ike Burton

En 1884, il s’installe à Jensen, au bord de la Green River, où il est embauché par un certain Ike Burton. Son jeune frère Louis le rejoint peu de temps après, et le premier travail que lui confia Burton fut celui, ingrat, de labourer les champs… Évidement, le tout jeune et inexpérimenté Louis « ne connaissait pas grand chose au labourage » : « Un jour, au diner, il déclara [visiblement étonné par ce phénomène] que plus durement il soulevait [les mancherons de la charrue] plus profondément le soc s’enfonçait dans le sol. » Sans plus d’explication, l’anecdote semble avoir beaucoup amusé tous ceux qui connaissaient parfaitement le mécanisme des charrues !

Cattle in corrals after crossing the Green River in Jensen (1904).

« In summer time they all worked in it. In winter time two would go to Park City and work in the mines »

Jensen Bridge -1911

À l’âge de 25 ans, le 30 avril 1891, Conrad Frank acquiert officiellement sa parcelle de 160 acres (homestead) du côté de Brush Creek, le long de la Green River, au niveau de l’endroit dénommé « Old Indian Ford » (a ford est un gué permettant de passer la rivière – le premier pont ne sera inauguré qu’en 1911). Rejoint par un troisième frère, Conrad et Louis s’occupent du ranch familial durant l’été… mais les conditions de vie sont telles que, « durant l’hiver, les deux frères partaient à Park City pour travailler dans les mines, tandis que le dernier restait à la maison afin de s’occuper des choses. »

« Of course sometimes we have dirty hands, but
I think that under the skin they would find the blood is red. »

Des mineurs de Park City, Utah

C’est très probablement là, en fréquentant les mineurs et en partageant leur dangereux et harassant travail, que Conrad va forger son indéfectible conviction politique.

« Bien sûr, nous avons parfois les mains sales, » s’exclamait-il, « mais je pense que sous la peau, ils trouveraient que le sang est rouge » !

Aussi curieux que cela puisse paraître aujourd’hui, Conrad Frank était en effet socialiste ! Membre du Socialist Party of Uintah County, il se présenta plusieurs fois aux élections du county (1906, 1910, 1912) et… n’en gagna jamais une seule ! Son programme était simple et partait de cette constatation : « Pourquoi tant de choses pour les hommes qui n’ont pas fait le travail et si peu pour ceux qui ont tout fait ? »

« Both men are well fixed with land, horses and cattle
and they always have some ready money. »

(La marque "Quarter Circle F Bar" fut utilisée par son fils Leo M. Frank puis par sa petite-fille S.L.A.)


Si les débuts furent clairement difficiles, en une décennie d’acharnement « les deux hommes »Conrad et Louis – parvinrent à être « bien établis, avec de la terre, des chevaux et du bétail ». Leurs idéaux politiques ne les empêchèrent pas « d’avoir toujours de l’argent disponible ». Le 17 août 1900, Conrad T. Frank est suffisament à l’aise pour enfin se marier : il a 35 ans et Mary G. Frank en a dix de moins. Ils auront 14 enfants !

« I think it is time for the farmers to do his own business. »

Quoi de mieux pour un fermier que de contrôler l’ensemble de la fillière, de la production jusqu’à la distribution, en passant par la préparation ? Avec l’Eagle Market, Conrad Frank met en pratique son idée d’éliminer tout « intermédiaire qui reçoit un profit sans ajouter aucune valeur à la marchandise ». Situé à Vernal, le magasin propose notamment « le plus grand stock de viandes fraiches de premier choix ». En 1903, lors de la naissance de l’une de ses filles, Conrad Frank déclare être « Butcher » (boucher). En 1906, le magasin fait l’acquisition d’un – le mot est savoureux quand on connaît la suite – « mammoth refrigerator »

« He told a man named Conrad Frank who lived nearby. Johnnie took Mr. Frank to see the bone. »

Si l’on en croit l’histoire officielle, c’est le paléontologue Earl Douglas qui, en 1909, découvrit par hasard des ossements de dinosaure… L’histoire locale raconte les choses un peu différemment : « Au printemps 1908, alors qu’il était entrain de rassembler ses chèvres, le jeune John Powell trouva un énorme os. Il se demanda ce que ça pouvait bien être. Il fit part de sa découverte à un homme nommé Conrad Frank qui vivait à proximité [une partie du ranch de Conrad se situait en effet à l'endroit même où se trouve aujourd'hui le panneau d'entrée du site]. Johnnie amena Mr. Frank voir les os. Mr Frank en parla autour de lui et bientôt tout Jensen eut connaissance de la découverte de Johnnie. La nouvelle de la découverte parvint à un professeur du Carnegie Museum de Pittsburg, Pennsylvania. L’endroit où Johnnie pâturait ses chèvres est désormais le Dinosaur National Monument. »

Uintah Bassin Fair

Vice-président de l’Uintah Farmers Association, Conrad n’a jamais manqué la foire annuelle de Fort Duchesne. Celle de 1913 fut manifestement un franc succès : venues de toute la région, elle attira pas moins de 7500 personnes, sans compter « les centaines qui ont réussis à se glisser sans payer ». Il y eut néanmoins « quelque critique à l’égard de l’organisation de la foire pour avoir forcé les Indiens à payer les frais d’admission » : parqués dans leur réserve, les Indiens Ute étaient en effet dans le plus grand dénuement (on raconte d’ailleurs que Mary G. Frank donnait régulièrement à manger à ceux qui venaient frapper à sa porte). En ce qui concerne Conrad, il obtint la première place dans la classe Grade Shire Stallions (le Shire est un puissant cheval de trait qui se reconnait à sa très grande taille, ses chaussettes blanches pourvues de long fanons)

Bank Building By Mail

L’histoire de la banque de Vernal, tout à fait emblématique de l’ambiance qui régnait à l’époque, vaut la peine qu’on la raconte. En 1916, voulant enfin une banque en dur, W. H. Coltharp se rendit compte qu’il était infiniment moins onéreux de faire parvenir les 50 000 briques par les chariots de la poste que par tout autre moyen : le poids de chaque paquet acheminé par la post étant limité, 5000 paquets de dix briques furent donc commandés. Au bout d’un certain temps, le Post Office Department se rendit compte du stratagème et modifia son règlement pour limiter le nombre de paquet par jour que pouvait commander une seule personne. Afin de passer outre cette nouvelle réglementation, il fut demander « aux fermiers et aux habitants de la ville » de commander les paquets eux-mêmes ! Heureux d’avoir ainsi berné les autorités fédérales, les habitants firent, plusieurs jours durant, des « processions triomphales » aux paquets de briques qu’ils apportaient sur le chantier après les avoir retirés du Post Office.

« he still prefers the west »

Le 22 janvier 1916, Conrad entreprend un voyage dans l’Est… il commence son périple au Denver Stockshow où il constate le prix élevé du bétail, passe voir la famille de sa femme à Joliet, Illinois, fait un saut aux Stockyards démesurés de Chicago, visite une ferme électrifiée à Columbus, Ohio, fait une excursion à New York, s’enfuit vers les fermes de Pennsylvanie, passe quatre jours à Washington DC où il « enquête sur certains des travaux du gouvernement national » (?), et enfin descend vers la Floride.

De retour à Vernal, il avouera que, franchement, « après tout ce vagabondage, il préfère encore l’ouest » !!

« It is said that Conrad Frank wants to sell his ranch and move to Australia »

Fidèle à l’esprit pionnier, il préfère tellement l’Ouest qu’il veut partir à l’ouest de l’ouest ! L’idée lui trottait dans la tête depuis quelques temps. Dès 1914, le journal de Vernal rapporte la rumeur : « On dit que Conrad Frank veut vendre son ranch et partir en Australie ». En 1916, il n’est toujours pas parti. Il vend néanmoins le « old Thorn ranch » et fait le tour du pays « à la recherche d’une location » : « il a décidé d’aller vivre en Pennsylvanie », annonce le journal, « ils vont très certainement nous manquer ici. » Fin 1918, la vallée est frappée par l’épouvantable pandémie de grippe espagnole : 107 personnes (dont 62 indians) meurent. Cette fois, en Mai 1919, la décision est prise : « Conrad Frank, l’un des meilleurs et des plus important fermiers et citoyens de Ashley valley, part avec sa famille pour l’Australie. » Le problème, c’est que « le gouvernement anglais refuses d’octroyer un passeport » à… un agitateur socialiste ! Après quatre mois d’attente, la famille s’installe définitivement à Los Gatos en Californie : « C’est sans doute une bonne chose… la Californie est clairement un chouette pays » !

Leo M. Frank, circa 1924, Los Gatos, CA


« it may be for the best… California is sure a great country »

« Conrad Frank, Philospher » (sic)

Quand il est mort en 1936, son oraison funèbre fut prononcée par « son proche ami et voisin de la montagne » Harry Ryan – un ancien leader de la cause ouvrière qui avait milité au côté de Jack London. Fidèle à lui-même, « Frank avait une vision agnostique de la vie » : il fut donc enterré selon un « rite athée »« le premier jamais organisé à Los Gatos » !

Au rythme de son cheval, Conrad Frank poursuit son chemin sur la montagne sans se préoccuper des poulains errants qui ne lui appartiennent pas.

More Articles :

Denver in 1859

petite chronologie familiale de l’histoire américaine

Posted on Jul 1st, 2014 By MEA 0 Comments

Pourquoi les Américains sont-ils si passionnés par la généalogie ? Parce que ça nous permet notamment de retrouver nos racines européennes,…

Continue Reading

Willingness, Versatility & All-Around

Posted on Oct 20th, 2012 - By MEA - 0 Comments

S'il fallait se contenter de quelques mots pour définir l’Équitation Western, son état d'esprit, son approche et peut-être même sa raison…

Continue Reading