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Contre Baucher et le Bauchérisme

Pourquoi parler de François Baucher et de cette équitation qui… n’est pas la notre ? Parce que si on lit attentivement certains textes d’époques, on est enthousiasmé d’y trouver des choses qui ne sont pas si éloignées de nos propres préoccupations : est-il si surprenant que des hommes de cheval glorifient « l’obéissance libre » de leur monture exactement de la même manière que nous voulons préserver la « willingness » de la notre ?

Ce qui est amusant, c’est de constater que les conflits d’autorité autour du cheval et les polémiques ne sont pas choses nouvelles… Chaque génération, devant tout réapprendre, coincée entre les impératifs contradictoires de s’inscrire dans une tradition et de prétendre à la rénovation, se cherche une méthode et un maître… Toute la difficulté se situe peut-être dans le fait que, bien souvent, ce sont les gens qui n’y connaissent rien qui font la renommée du maître !!

Le génie de Baucher réside peut-être moins dans son savoir équestre (lequel, après le déplorable accident de 1855, est d’ailleurs passé d’un extrême à l’autre – la seconde manière reniant absolument tout de la première) que dans l’orchestration de sa communication et dans la constitution d’un réseau d’influence. Il est aujourd’hui difficile de juger si le savoir-faire réel de François Baucher n’a pas été quelque peu magnifié et amplifié par une volonté implacable de le faire savoir… de ce point de vue là, il semble bien avoir réussi puisque, près de 170 ans plus tard, son nom est l’un des rares dont tout le monde se souvienne !

Évidemment, si l’on se contente de lire les livres de Baucher et de ses admirateurs, on pourrait presque se convaincre que la méthode est nouvelle, efficace et nécessaire… Mais, il faut impérativement lire en parallèle les textes qui se dressent contre les prétentions du Bauchérisme et contre l’auto-promotion continuelle de Baucher.

« l’ami de la cavalerie et de la vérité »

Antoine Flandrin, ancien écuyer-professeur de Saumur, est incontestablement le plus véhément. Ce qui l’étonne le plus, c’est qu’en définitive la pratique ne colle pas avec la théorie proclamée :

« nous cherchons en vain les fruits promis par la méthode, des chevaux dans la main, ramenés, équilibrés et dominés, sinon complètement, du moins y étant acheminés ; au lieu de cela, que voit-on dès que la vitesse arrive ? des chevaux le nez en l’air, tout en émoi, conduits en général par à-coups, par vigueur du poignet, car l’éperon est là, presque toujours en action. » (p14)

La description qu’il donne de la démonstration que firent, à Saumur, Baucher et ses élèves (lesquels sont qualifiés d’ardents et de fanatiques) est terrifiante, sans appel : « [...] il y a des chevaux qui deviennent de plus en plus difficiles, les uns se jettent sur les murs, on en a même vu se précipiter la tête dans les coins et y rester comme cloués quelque éperonnés qu’ils fussent »

De l’emploi « mal compris et exagéré » des éperons, il en est souvent question dans cet autre texte, anonyme celui-là, écrit par « un officier de cavalerie » qui renvoit Baucher à son lieu de travail habituel : « C’est au cirque, à la clarté du lustre, [...] qu’il faut le voir labourer à coup d’éperons les flancs meurtris de Capitaine ou de Topaze » ! (C’est d’ailleurs ce même lustre qui tombera sur la tête du pauvre Baucher, le 7 mars 1855).

« flexions cruelles »

Cet officier anonyme reproche à Baucher « l’emploi des deux mains » et de la rêne directe, et préconise quant à lui « un moyen plus déterminant, plus simple, plus militaire, celui de la rêne contraire » ! Ces deux mains aboutissent au « ramener excessif de la tête » que l’on obtient « à l’aide des flexions cruelles » et de l’assouplissement de l’encolure que Baucher pratique sans « discernement ». S’adressant directement à Baucher : « Vous soumettez tous les chevaux au même régime ; moi je veux que l’on agisse autrement, que l’on consulte leur âge, leurs forces, leurs dispositions naturelles ou acquises, leur sensibilité essentiellement variable, leur construction bonne ou mauvaise » !

« obéissance libre »

« Le résultat définitif que M. Baucher se propose est l’anéantissement complet des forces instinctives du cheval. Les principaux moyens qu’il emploie pour y atteindre consistent dans l’assouplissement de l’encolure et des hanches, le ramener et les attaques progressives de l’éperon. Or, les moyens sont absurdes, et le résultat serait un crime. Comment ! paralyser, briser, anéantir les forces spontanées du cheval, et lui substituer les forces du cavalier ! Mais, neuf fois sur dix, c’est le contraire qu’il conviendrait de faire, attendu qu’il y a beaucoup plus de chevaux auxquels on pourrait confier un homme, que d’hommes auxquels on peut confier un cheval. Entreprendre sérieusement de détruire les forces instinctives de sa monture, c’est tout simplement prouver qu’on ignore les plus nobles qualités du cheval, ou qu’on est incapable de les apprécier. J’en appelle à tous les hommes aimant sincèrement l’équitation, à tous ceux qui ont jamais poursuivi un cerf pendant six heures au galop d’un cheval rapide et loyal, et je leur demande s’ils échangeraient un seul instant la généreuse ardeur d’une jument pur-sang, son obéissance libre, sa franchise vaillante, contre l’action pénible et restreinte du malheureux animal abattu que prépare le système de la destruction des forces instinctives. » (Un officier de Cavalerie)

« il y a beaucoup plus de chevaux auxquels on pourrait confier un homme, que d’hommes auxquels on peut confier un cheval » Un officier de Cavalerie, 1843

Sources :